Le travail a la ferme

J 1: Bon c’est pas facile facile de debarquer. Je me sens fort inutile. Je ne sais pas quoi faire de moi-meme. Ce matin j’ai deplace des barrieres, puis j’ai fait passer des tonnes de moutons entre deux parois de bois super rapprochees pour trier entre ceux qui avaient le cul sale ou pas. C’est vachement dur de les faire avancer mais quand j’ai compris qu’il fallait leur pousser les fesses ca allait mieux. En revanche bonjour le caca sur les mains. Ensuite pendant qu’Anton (le chef) et Ryan rasaient les fesses sales moi je faisais un beau tas de laine toute crottee.N’empeche que j’etais a peu pres aussi fiere de faire un beau tas de crotte que de rendre un beau rapport quand je bossais en banque. Mais ici je suis deux fois plus inutile que dans une banque. Je ne peux pas utiliser ma tete parce que je comprends a peine la moitie de ce qui se dit, et je dois avouer que je m’y connais assez peu en moutons. D’autre part, je peux difficilement utiliser mon physique parce que j’i aucune forces et je suis super maladroite. En banque y’a que ma tete qui servait a rien, mon physique n’etait heureusement pas sollicite. J’ai voulu montrer mon agilite a sauter une barriere et je me suis enfonce une enorme echarde dans la main. Lamentable. Enfin c’est rigolo parce que je sais que dans quelques jours tout ira bien mieux. Ce soir apres le diner je suis allee pecher la truite avec un ouvrier qui construit une maison ici, Damian. Je suis assez fiere de mon lancer d’hamecon, mais ca veut pas dire qu’on aie attrape un truc…

Sinon j’ai aime quand Anton tondait la crotte des fesses des moutons et qu’il a decide d’enlever chaussures et chaussettes parce qu’il avait un peu chaud. Je vous explique pas l’etat de ses pieds. Montes sur crotte. J’ai adore quand une fois fini il a tranquillement remis ses chaussettes et ses chaussures…

J 2: Ah j’en ai chie aujourd’hui. Ouhlala que j’en ai chie. J’ai pris sur moi mes amis. On a coupe les queues des agneaux. D’abord il faut les recuperer. Ils sont eparpilles sur toute une montagne. Ca prend 2 hommes et une dizaine de chiens. Je ne me compte pas parce que je compte si peu. Tres impressionnants les chiens, epatants. Ensuite on trie les brebis des agneaux, qu’on met a part. Ensuite on leur coupe un bout d’oreille selon qu’ils soient males ou femelles, on les place sur une machine a torture, et on leur coupe la queue avant de les relacher. On leur coupe la queue parce que sinon y’a plein de crottes qui se collent dessus, et ils doivent avoir les fesses propres pour l’abattoir.

Donc moi j’interviens pour saisir l’agneau, le tenir dans mes bras pendant que Sarah lui coupe l’oreille et placer l’agneau sur la machine infernale. Mais savez-vous qu’une oreille ca saigne enormement? Quand j’ai vu des taches de sang apparaitre sur ma veste je l’ai vite enlevee. J’ai fini la journee avec les bras et les mains pleines de sang. Et plein de petites taches sur le visage. C’est pas agreable de sentir le sang chaud couler sur ses bras. Et c’est pas agreable de manger un sandwich avec les mains toutes rouges. J’ai pris sur moi c’est moi qui vous le dis. En plus on a coupe 700 queues, donc j’ai souleve et tenu dans mes bras plus de 350 agneaux et je peux vous dire qu’y en a qui sont pas legers legers.

Au moins le soir on ressent vraiment le bonheur de se doucher, de se poser, de manger comme quinze. Et demain on recoupe des queues!

J3:Une nouvelle recrue! Marty, venu de Tasmanie qui est pilote d’helicoptere sur la ferme mais qui a peu de travail ces jours ci. Quand on a commence je lui ai dit ‘tu prends les gros, je prends les petits!’. C’etait evidemment une blague mais il l’a pris au serieux. Pas plus mal finalement. Sinon on m’a enfin prete des bottes de travail qui s’approchent un peu plus de ma taille. Le 44 que j’avais avant etait un peu rude pour mes pieds.

J4: J’ai pas beaucoup travaille aujourd’hui, 3h a peu pres. Mais physiquement j’ai commence a avoir du mal. J’en pouvais plus de porter les moutons, a raison de 400 par jour. En plus ils arretent pas de se debattre, et ils sont bouboules les sales betes! Et puis je m’entends bien avec mes potes Anton Sarah Ryan et Marty mais ils sont a fond dans leur truc alors que moi c’est simple je n’ai aucune idee de ce qui se passe. Je suis, betement. Je me sens tres gourde, et c’est pas forcement agreable.

Ensuite on est alles au pub. Soiree Halloween. On y etait a 18h20, trop fort. J’etais juste avec Anton et Marty. Un peu genant au debut genre on enchaine les bieres et on a rien a se dire. Et puis la soiree s’est animee. J’adore  ce genre d’endroit. Il me semble que ca n’existe pas en France. Il se degage une chaleur incroyable de ces pubs de campagne. A la fin de la soiree, on a discute avec presque tout le monde, on connait la moitie des prenoms, et tu causes, comme ca, sans que tu saches comment s’est venu, de tout et n’importe quoi, et t’as bien rigole. Comme quand ce gars pres de la cheminee me raconte: ‘J’adore la France. Ce qui est genial c’est que quand il pleut les gens laissent leur parapluie a l’entree des magasins. Donc nous des qu’il pleuvait, on allait se choisir un nouveau parapluie. ‘ Ou quand deux jeunes a qui je parlais me presentent leur chef qui me dit Ah mais je parle un peu francais. Et la, il me sort de sa voix tonitruante:’Cordon bleu!’. Morte de rire… Bref une soiree memorable, trempee de Speights, la biere locale, et qui me rappelle a quel point vivre dans un trou a la campagne peut avoir des avantages certains.

Je vous epargne le details des autres jours, je suis reste 8 jours en tout a la ferme. Ca a pas ete facile, ni au niveau physique, ni au niveau humain mais je suis super contente de l’avoir fait. On a passe une semaine a couper les queues des agneaux, et je peux vous dire que c’est pas demain la veille que je me fais des cotelettes.

~ by jenniferldp on November 6, 2008.

One Response to “Le travail a la ferme”

  1. Merci Jenn, ça y est tu m’as décidé, mais alors “for sure”,
    toi et les rayons frais de Sainsbury’s,
    vous m’avez décidé. Je deviens veggie!!!

    Bref, je sens que je tiendrai pas le coup, et la langue est tellement pleine de phrases bouchères du type “une belle brochette de vainqueurs”, “c’est un gros boudin”, “poser ses tripes sur la table”, … je tiendrai jamais!
    Ouaipe, excellent ta “semaine à la ferme”, et moi qui t’imaginais béat en cueillette de champignons et course avec les enfants dans la ferme façon “sound of music/la mélodie du bonheur”… yep! Real farm like! Et comme ça tu ne t’endormiras plus jamais de la même manière, compter les moutons aura un sens tout à fait différent (tu ne pourras t’empecher de voir leur cul terreux à chaque fois), et tu ne laissera plus dire “doux comme un agneau” impunément.
    En somme, merci de nous faire partager ton experience de fermière, Bon vent pour la suite,
    Bises de Port-Royal
    mc

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